Nos expériences passées, nos blessures, nos attachements précoces, les silences de notre éducation ou au contraire les intrusions, modèlent notre manière d’aimer, de désirer, de nous abandonner ou de nous protéger. Pour certains, la sexualité devient un refuge. Pour d’autres, un champ de bataille. Il y a ceux qui s’y perdent pour exister, ceux qui s’y refusent pour survivre. Chaque corps a sa mémoire, chaque peau son langage.
Nos fantasmes, eux, sont les contes secrets de notre inconscient. Ils ne sont pas toujours à réaliser, mais à entendre. Ils parlent de nous, de nos manques, de nos rêves, de nos conflits internes. Certains fantasmes rejouent des scènes de pouvoir, de vulnérabilité, d’interdits : non pas parce que nous sommes déviants, mais parce que nous cherchons, parfois inconsciemment, à réconcilier des parties de nous-mêmes restées coincées dans l’histoire. Le fantasme n’est pas toujours une destination, mais une boussole.
Quand elle est abordée avec intégrité thérapeutique, la sexualité peut devenir un art de l’intime, une danse entre vulnérabilité et puissance, entre le corps et l’âme, entre l’individuel et le relationnel. Elle nous rappelle, profondément, que nous ne sommes pas faits pour posséder l’autre, mais pour le rencontrer — depuis un espace de vérité, et non de performance.
Je parle de performance car celle-ci est surexposée, mais la parole intime souvent étouffée, il est essentiel de revenir à une sexualité vivante, consciente, reliée. Car la sexualité ne se résume pas à l’érotisme ou à la technique. Elle peut être un chemin de connaissance de soi, une pratique de présence, un territoire de guérison. Elle peut révéler nos peurs d’être vus, touchés, aimés réellement. Mais aussi nos élans les plus sacrés : fusion, transcendance, liberté, vérité.
Être sexuellement épanoui, ce n’est pas « bien faire », c’est être aligné. C’est oser interroger nos désirs : viennent-ils de nous ou de ce qu’on attend de nous ? C’est oser dialoguer avec nos ombres, nos hontes, nos élans interdits. C’est apprendre à se relier à l’autre non par manque, mais par envie.
La sexualité, quand elle est vécue avec conscience, peut devenir un art de l’intime, une danse entre vulnérabilité et puissance, entre le corps et l’âme. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas faits pour consommer l’autre, mais pour le rencontrer
0 commentaires