Lorsque l’on me demande d’où je viens, quelles sont mes origines, j’aime répondre que j’appartiens au monde. Peut-être parce que j’ai l’âme voyageuse, l’esprit nomade, et que je refuse d’ériger des frontières entre les êtres humains. J’ai le sentiment d’être de partout et de nulle part à la fois, comme si mon essence appartenait à l’univers tout entier.
Je suis née dans une famille chrétienne, et comme beaucoup, j’ai accompli ma communion sans en saisir pleinement la portée. Puis, au fil des années, mes pas m’ont menée aux quatre coins du monde, là où les cultures s’entrelacent et où les traditions murmurent des vérités anciennes. C’est à Bali, pour la première fois, que j’ai découvert la spiritualité au quotidien, à travers l’hindouisme. J’étais émerveillée par la délicatesse des offrandes, l’intention pure qui les habillait, et cette ferveur qui unissait les âmes dans une célébration perpétuelle du divin.
Mais comme toute lumière a son ombre, mon visa s’acheva, m’invitant à explorer d’autres horizons. Ainsi, la culture bouddhiste s’offrit à moi, révélant une autre facette de la quête spirituelle. Je fus frappée par cette communion silencieuse entre les peuples, par cette foi transcendante qui reliait les âmes aux mêmes divinités, sous des noms différents. Curieuse, avide de comprendre, je me plongeai alors dans les textes sacrés : la Torah, car nombre de mes amies d’enfance étaient juives ; le Coran, dont la présence dans les chambres d’hôtel d’Afrique du Nord m’intriguait et me semblait empreinte d’une noblesse particulière.
Tous ces ouvrages avaient en commun une beauté saisissante, une sagesse intemporelle, des échos de vérités universelles. Pourtant, malgré mes lectures assidues, ma foi demeurait incertaine. Mon âme errait encore, en quête de réponses, en quête d’elle-même. Je crois que nous finissons toujours par trouver notre chemin, mais chacun à son rythme, lorsque le moment est venu.
Il m’arrivait de pousser la porte d’une église, d’y chercher un apaisement, mais un sentiment d’étrangeté m’enveloppait. “Je ne sais pas prier”, me disais-je. Les blessures du passé m’empêchaient d’entrer en dialogue avec mon propre cœur. Pourtant, un jour, la vie me fit un cadeau étrange sous les traits du malheur. Un accident, une épreuve brutale. Et dans ce chaos, des signes, des murmures de l’invisible, des évidences tracées dans l’éther. Il était temps.
Alors, j’ai suivi cet appel, j’ai franchi les portes d’un monastère, et pour la première fois, j’ai ouvert une Bible. Elle me parut austère dans ses versets, mais infiniment lumineuse dans son essence. J’y trouvai un souffle ancien, un écho profond qui résonnait en moi. Je compris que je croyais. En une puissance extrême, en une énergie qui dépasse l’entendement.
Je crois en Dieu, mais je crois aussi en la beauté de chaque tradition. Les livres sacrés, chacun à leur manière, renferment des joyaux de sagesse, des éclats de vérité dissimulés dans la rigueur de leurs préceptes.
Et à travers cette foi, qui m’est aussi intime que précieuse, j’ai trouvé un sens, un équilibre. J’ai compris que croire n’est pas seulement un refuge, mais une lumière intérieure, une force douce et indéfectible qui guide nos pas. Elle ne se limite pas à un dogme, ni à une seule voix, mais elle est ce lien mystérieux qui unit l’homme à l’infini.
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